Honorine ou les imprévus de Versailles
Roman de Tilise Leprince-Ringuet
(extrait N°9)
Courageuse sous le règne Montespan, Louise de La Vallière baissa les bras devant l’étoile Vilancourt : c’en était trop, elle ne pourrait tenir. Une nouvelle supplique adressée au roi fut repoussée comme les autres, Louise priée une fois pour toutes de demeurer au palais, d’y jouer son rôle dans la royale mise en scène et s’accommoder en silence de ses états d’âme.
Honorine n’avait pas une sympathie particulière pour Mademoiselle de la Vallière. Elle comparait aussi Madame de Montespan à une langouste et madame de Chambray à une morue……………………………………
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Au soir du 16 Août, devant l’un des buffets dressés dans le salon de l’Abondance, Louise esseulée parmi les courtisans, contemplait douloureusement le salmis de perdreaux posé sur son assiette. Lorsqu’elle vit venir à elle Honorine, une taie de larmes voila ses prunelles,la douleur débordant malgré elle chaque fois que le hasard la mettait en présence de celle qui, après la Montespan, avait pis sa place dans le cœur de son cher Louis.
Ce regard noyé séchait aussitôt tout désir de compassion et donnait plus envie de gifler que de plaindre………
-Vous voulez, dit-on, partir pour Chaillot (1), et Sa Majesté vous le refuse ? Est-ce vrai ? Faut-il le croire ?
Louise, étonnée puis émue du ton compatissant de la vicomtesse, lui saisit la main et la pressa dans les siennes.
-Comme vous êtes bonne de vous intéresser moi, qui n’intéresse plus personne ! Oui, le roi me le refuse. Il tient les carmélites en aversion. Je dois donc porter ma croix et demeurer publiquement celle par qui le scandale arriva.
-Du tout, du tout. Vous désirez votre couvent ? Vous l’aurez. J’en parlerai au roi dans demain.
-Ah ! Madame, que de grâces ! reprit la duchesse, pétrissant toujours les phalanges de la vicomtesse……………………..
A SUIVRE……….
(1) couvent de religieuses