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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 09:32


par Louis Dalmas (son site) mercredi 2 novembre 2011

lu sur le site Agora vox

 

Cela dit, puisque toute la géopolitique impériale se drape dans la moralité de la lutte du bien contre le mal, on peut tout de même souligner l’immoralité profonde de ces intérêts. D’autant plus qu’ils sont fixés de façon arbitraire, et avec des différences colossales, selon les indications des agences de notation, qui déclenchent une spirale mortelle : un pays qui a des difficultés à rembourser devra payer des intérêts accrus, ce qui augmente encore ses difficultés, et ainsi de suite.

Tout cela est évidemment inacceptable. Le célèbre poète allemand Friedrich Schiller écrivait en 1785 : “Que les dettes soient abolies et le monde entier réconcilié !” Par une superbe ironie du sort, ce vœu figure dans un des couplets de l’“Ode à la joie” de Beethoven, devenue l’hymne de l’Union européenne. Comme si les deux génies de la littérature et de la musique indiquaient la voie à suivre au cœur même d’un des édifices que la crise fait chanceler.

Une voie qui, comme dans le cas de l’impôt sur les grandes fortunes, a des précédents.

Au moment de la Révolution française, la dette nationale s’élevait à plus de 80 % du PIB, une proportion de peu inférieure à celle d’aujourd’hui, qui est de 84,5 % du PIB. Le déficit de l’Etat était de 20,63 % contre 25,5 % en 2010. En 1797, le Directoire décida ce qu’on appela la “Banqueroute des deux tiers”, c’est-à-dire qu’il ne paya une rente que sur un tiers de la dette, le reste étant effacé.

On peut aussi citer l’Argentine qui, entre 1998 et 2002, au moment de la crise majeure qui risquait de faire imploser le pays, se résolut à une refonte complète de ses engagements internationaux. Le président de l’époque, Nestor Kirchner, rompit les négociations avec le Fonds monétaire international et refusa de payer 95 milliards de $ de dettes. Résultat : le 25 octobre dernier, le New York Times a décrit le boom actuel argentin : 8 % de croissance prévu pour cette année (la plus rapide de toute l’Amérique latine) ; un niveau record de l’emploi ; la pauvreté réduite de moitié depuis 2007.

Dans les deux cas, le rejet courageux du chantage des créanciers a permis au pays de retrouver la santé de son économie.

La solution s’impose donc d’elle-même. Les Etats doivent s’affranchir du pouvoir des banques. Le cercle vicieux des trous creusés pour en remplir d’autres doit être brisé. Dettes et intérêts doivent être annulés, en tout ou en partie. Il faut refuser de payer les faux monnayeurs et les étrangleurs de peuples. Cette nécessité est si criante que, contraints et forcés, Merkel et Sarkozy viennent de décider un moratoire sur la moitié de la dette grecque, malheureusement accompagné d’une recapitalisation des banques sans prise de possession qui va encore voler quelques centaines de milliards aux contribuables. 

 

En conclusion, pour reprendre le célèbre discours de Martin Luther King, nous pouvons aussi faire un rêve. Celui d’un gouvernement dont les membres ne se seront pas contentés de brandir le poing dans des réunions électorales, mais l’abattront avec force sur la table pour imposer des décisions.

Partager les établissements financiers en banques d’affaires et en banques de dépôts. Réglementer les spéculations des unes, interdire les spéculations aux autres.

Habiliter de nouveau la banque nationale à créer la monnaie et à accorder des prêts sans intérêts.

Appliquer la taxe Tobin à toutes les transactions financières, mais à un taux sérieux.

Supprimer les dépenses inutiles, en particulier celles concernant l’ectoplasme européen. Imposer lourdement les hauts revenus. Pourchasser énergiquement les fraudes en tous genres.

Arrêter les guerres. Mettre fin aux engagements militaires. Dissoudre l’OTAN, qui n’a plus de raison d’être, ou tout au moins en sortir comme l’avait fait de Gaulle.

Annuler les dettes souveraines, en tout ou en partie. Rendre à l’Etat, en le retirant aux banques et aux agences de notation, le soin de fixer les intérêts des emprunts et les montants des remboursements éventuels.

Imposer l’entrée de l’Etat dans le capital des banques ou leur nationalisation, selon l’importance des renflouements.

“Vaste programme”, comme disait de Gaulle. Celui d’une France retrouvant sa souveraineté et servant de nouveau d’exemple. Qui n’a hélas aucune chance d’être appliqué par nos politiciens. Les banques continueront à éroder les indépendances nationales et à imposer leur profitable mondialisation à des eurolâtres paniqués. Les traders de la bourse spéculeront de plus belle. Les gouvernements dilapideront l’argent qu’ils arracheront aux peuples. Les riches s’enrichiront de plus en plus en recommandant de saigner les pauvres. L’opposition ne sortira pas du système et se satisfera des rustines d’un réformisme édenté.

 

Pourtant ce sombre tableau n’est pas dépourvu d’une lueur d’espoir. J’ai écrit deux livres pour décrire le gouffre qui s’est creusé entre les peuples et leurs dirigeants et pour expliquer qu’une explosion se produirait inéluctablement un jour ou l’autre. On assiste aux prémisses de cette explosion. Les peuples commencent à s’irriter. Les dupes se réveillent. Les émeutes de la faim éclatent dans le Tiers monde. Les “printemps arabes“ sont infiltrés par des récupérateurs à la fois occidentaux et islamiques, mais ils ont sonné le tocsin d’un soulèvement spontané. Il y a les “indignés” qui manifestent leur colère dans de nombreux pays. Une colère encore balbutiante, peu structurée, brouillonne, mais significative. Une colère qui sera dans un premier temps réprimée, ou édulcorée par son intégration au système, mais qui continuera à fermenter. Les injustices sont trop flagrantes, elles alimenteront de plus en plus la rage des exploités.Indignations et révoltes sont des signes : elles font partie de notre avenir. Leurs étincelles ont mis le feu aux poudres. Ca mettra peut-être du temps, mais l’incendie qu’elles ont allumé se propagera.

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