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20 mai 2015 3 20 /05 /mai /2015 09:41

~~d'après LES CARESSES de Maupassant

Mon ami,

ce que vous me demandez Me dégoûte. On dirait Qu’un démon a voulu souiller Ce qu’il y a de pur et charmant Dans votre amour en y ajoutant De vilaines caresses.

Dieu nous avait donné le pur amour Mais le Diable l’a trouvé trop correct. Alors, il a imaginé les sens. Ils sont brutaux, les sens, Révoltants et abjects. En les mêlant à la chair, Il a ôté à l’amour son beau mystère. Il l’a enveloppé d’un acte affreux, Véritablement honteux. Il l’a façonné avec un tel mépris Qu’en en parlant, j’en rougis.

Mon ami, vos caresses révoltent mon âme Et blessent mes yeux de femme. Certes, je me plais près de vous. Votre regard m’est doux Mais du jour où vous aurez Obtenu de moi ce que vous désirez, Vous me deviendrez odieux ; Le lien qui nous attache tous deux Serait définitivement brisé. Un abîme d’infamie serait creusé.

Votre amie, Odette de Lanoux.

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Ma chère et tendre amie,

Permettez-moi de vous parler brutalement Comme je parlerais à une demoiselle… Qui voudrait prononcer des vœux perpétuels !

Vous connaissez Ces vers de Musset : Je me souviens encore de ces spasmes terribles, De ces baisers muets, de ces muscles ardents, De cet être absorbé, blême, serrant les dents. S’ils ne sont pas divins, ces moments sont horribles.

Votre dégoût, je l’éprouve moi-même quand, Emporté par l’impétuosité du sang, Je me laisse aller À d’aventureux accouplements. Mais avec vous, très chère élue de mon cœur, Mes caresses ne seront toujours Que le reflet du bonheur Que vous m’offrez chaque jour.

Vous auriez raison. Si, après mes étreintes, votre ardeur s’éteignait Mais si, au contraire, elle prend de l’ampleur, je vous l’affirme : oui, nous nous aimons. Un baiser Sur des lèvres inconnues N’est qu’une froide caresse Mais si son fiancé part en voyage, Et que La jeune fille rêve de son visage, De sa voix, de son sourire, Elle lui ouvrira ses bras tout naturellement à son retour. Leurs lèvres, avides de désir, s’uniront, leurs corps se mêleront .

Si la Nature Ne nous a donné La caresse que pour renouveler Les générations, trompons la Nature. Volons-la-lui ! Je propose de la raffiner de l’idéaliser. Travaillons-la Comme une matière précieuse. Perfectionnons-la En multipliant les combinaisons, En imaginant de nouvelles inventions. Aimons la caresse comme le fruit Qui parfume la bouche, comme la liqueur Qui grise notre humeur.

Faisons plus Que la Nature n’a voulu, Plus qu’elle n’a osé nous enseigner Sans nous soucier de ses desseins premiers. Et Laissons les moralistes prêcher la pudeur, Les médecins conseiller la prudence, Les poètes chanter l’immatériel bonheur. Abandonnons les femmes laides à leur conscience, Rejetons les prêtres, les moines, À leurs commandements pieux Renvoyons les savants à leurs travaux oiseux. Faisons retourner les doctrinaires À leur philosophie fourre-tout,

Et nous, aimons la caresse avant tout ! La caresse ranime, affole, épuise. Elle est plus légère que la brise. Et, ma chérie, si vous souhaitez Que je vous dise une vérité, La voici : les seules femmes heureuses Sur terre Sont celles à qui Nulle caresse ne manque. Les autres, celles pour qui Les caresses sont mesurées ou rares, Incomplètes ou bizarres Vivent harcelées par mille tourments, Qui deviennent vite des chagrins. Les femmes bien caressées n’ont besoin de rien, Car la caresse remplace tout, Guérit de tout, console de tout.

L’ami qui vous aime,

votre Damien.

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