Verlaine : sur des bouts de papier, au café.
Jean Moréas : son inspiration venait vers 2 ou 3 heures du matin, dans la rue, quand il rentrait chez lui.
François Coppée : il habitait rue Oudinot à Paris qui était à l’époque un endroit calme. Les murs de son cabinet disparaissaient sous les livres. Il avait un buste de Paul Déroulède et un autre du Christ, signé Michel-Ange. A sa porte était accroché un dessin de Bonaparte.
Sans cesse il allumait des cigarettes, qu’il envoyait dans le feu après 2 ou 3 bouffées. Il raturait beaucoup.
Sully-Prudhomme : fumait une pipe de merisier qui ne quittait ses lèvres que pour être bourrée à nouveau. Son cabinet ne contenait que des tableaux de Primitifs, des bibelots rares, des meubles anciens, un buste de Descartes, un buste de Pascal.
Il se réveillait à 4 ou 5 heures du matin et travaillait dans son lit.
Anatole France : était célèbre pour sa pipe, grosse et recourbée. Il portait une calotte de soie écarlate, et son pantalon, large, était coupé dans une bure moelleuse de moine sybarjte.
Jules Lemaitre travaillait « en amateur » : il disait « je travaille en musardant. Je me lets devant mon pupitre, je fume ma pipe. J’écris une ou deux lignes, je marche, j’ouvre un livre, je le feuillette, je reviens au pupitre, et puis je m’en vais. Je flâne tout le temps. »
Accroché à l’escalier qui montait à la salle à manger, un kakemono posé sur un écran représente un japonais en robe de soie à ramages, avec deux poignards à la ceinture, et ce japonais n’est autre que Jules Lemaitre.
Gyp, pseudonyme de la comtesse de Martel écrivait ses romans de 5 heures à midi. Hiver comme été les fenêtres de son cabinet étaient grandes ouvertes. Elle habitait Neuilly. Son cabinet était aussi sa chambre et sa salle de bain. Tous ses meubles sont blancs. Sous la glace de la cheminée elle avait glissé une large enveloppe qui laissait apparaitre l’inscription « mon testament »
Catulle-Mendès travaillait n’importe où :dans son cabinet, au café, entre deux actes, ou dans le bois de Saint-Germain, en se promenant.
Paul Bourget était un bûcheur et un fureteur. Quand il n’écrivait pas, il se documentait.
Madame de Noailles attendait que l’inspiration lui dicte de jolies choses
Willy (Gauthier-Villars) écoutait volontiers les conseils de sa jeune femme (qui allait devenir…Colette !)
Edmond Rostand, l’auteur de Cyrano, se recueillait, rêvait puis travaillait avec fièvre.
(d’après Paul Acker, « je sais tout » 1909)