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18 mai 2015 1 18 /05 /mai /2015 08:56

~d'après TOMBOUCTOU

À la terrasse du Bon Médoc, Deux officiers causaient.

Tout à coup, un nègre électrisé, Très grand, chamarré de breloques Passa devant eux. Il riait aux passants. Il riait au soleil éclatant. Il riait à Paris tout entier.

Soudain il aperçut les deux officiers. Les coins de sa bouche lui montèrent Jusqu’aux oreilles, Découvrant ses dents claires Comme un croissant de lune dans un sombre ciel. Sans rien comprendre de son enjouement, les deux hommes contemplaient le géant noir qui s'approchait d'eux et bientôt s'exclama :

-« Mon lieutenant, Bonjou ! Moi aimé toi beaucoup. »

L’un des officiers, chef de bataillon, lui répondit :

-« Que voulez-vous ? Je ne vous connais pas. »

-« Si, toi, Lieutenant Védion, Moi bien aimé toi. Toi souviens raisin à siège Mézi ?

Toi punissé moi. »

-« Tombouctou ! »

-« Mon lieutenant reconné Tombouctou ! »

-« Assieds-toi-là. Que fais-tu ici ?»

-« Moi beaucoup volé Pussiens. Moi gagné beaucoup agent : Deux cent mille fancs. À Pais, moi tiens Gand estaurant, Bon mangé. »

-« Très bien ; je vois ! Félicitations, Tombouctou ! »

-«Au evoir, mon lieutenant, bonjou. » Et Tombouctou s’en alla.

L’autre officier demanda à son camarade : -« Ce noir, c’est qui ? » Le commandant lui répondit : -« Un bon garçon. En 1870, Au début de la guerre, J’étais alors lieutenant. Les Prussiens encerclaient Mézières Qu'il vient d’appeler "Mézi". Ils nous empêchaient de lever le camp. Ce noir était toujours dehors et toujours gris !

J’avais beau le sanctionner, rien n’y fit. Il ne disposait pas d’argent. Où buvait-il ? Avec quoi et comment ? Cela m’intriguait. Je le fis venir et l’interrogeai. Il m’a dit être le fils d’un roi africain, Chavaharibouhalikhrapalaravé Ou quelque chose de voisin. Je lui demandai où il buvait Il me répondit : ’’Moi et mes copains,… mais dans les vignes, mon lieutenant.’’

Pendant des heures, il happait le raisin À coups de dents. En représailles, Les Prussiens fusillèrent Le vigneron et le maire !

Un jour, Tombouctou est rentré au camp Chargé de deux sacs très lourds. J’ai voulu savoir ce qu’il transportait ainsi. Il me répondit en riant : -« Moi, povisions pou pays. Nous, supis pa Uhlans. Nous, tous les égogés Et moi tout leu chapadé. »

Il ne faisait pas la guerre pour l’honneur Mais pour le gain, tel un pilleur. Il détachait l’or des galons Des uniformes allemands, Le cuivre des casques, les boutons… Il volait tous les objets brillants, Les billets et les pièces d’argent.

Il entassait ses trouvailles dans un magasin. Mais où était-il ? Je n’en sus jamais rien. »

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