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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 10:43

~d'après le RÉVEIL de Maupassant

Depuis trois ans qu’elle était mariée, Jeanne n’avait point quitté le val de Cariet. Un hiver, Des quintes de toux l’épuisèrent. Elle devait se reposer. Le médecin lui conseilla d’aller passer Deux ou trois mois dans le Midi. Le climat sera meilleur pour son état Que les brumes épaisses du Jura. Elle partit. À Menton,

Jeanne prit goût aux diners, Aux fêtes, aux soirées. Des hommes la courtisaient. Elle s’en tenait aux chastes baisers Qui sont caresses des âmes Et se demandait comment les femmes Consentaient à des contacts dégradants. Elle recevait moult compliments. Les déclarations jetées sous la treille, Les mots doux murmurés à son oreille Allumaient en elle cependant Un certain contentement. Elle aimait les têtes à têtes au soir tombant. Mais aucune pensée coupable Ne pénétrait son cœur irréprochable.

Deux jeunes gens L’accompagnaient partout : Boniface Leroux Qui frémissait en approchant d’elle. Et le patient Raoul de Villameur, Dit Mouton fidèle Car il savait attendre son heure. Jeanne surnommait Boniface Capitaine Fracasse. Elle aurait bien ri Si on lui avait dit Qu’elle l’aimerait. Mais, en rêve, elle l’aima. Elle le voyait délicat, Doux, passionné, fidèle. Au réveil, elle l’imaginait près d’elle. Une nuit ( Peut-être Avait-elle la fièvre ? ), Elle marchait seule avec lui Dans la forêt, Leurs lèvres s’effleuraient. Elle se sentait emplie de tendresses pour lui. Dans un rêve, on est tout autre que dans la vie ! La nuit suivante, il l’enlaçait. Elle s’abandonnait.

À son réveil, elle était encore vibrante, Mais, en épouse aimante, Elle ne voulait pas faillir. Elle écrivit À son mari Qu’elle désirait rentrer. Il la dissuada de revenir Dans les froides brumes de Cariet. La réponse de l’époux objecteur Qui ne comprenait pas la lutte de son cœur L’indigna, L’atterra. Quelques jours après, Elle fût invitée à une soirée. Quand elle dansait avec Mouton fidèle, Elle ne pensait qu’à Boniface, Son capitaine Fracasse. Si Villameur, Était son cavalier, C’était avec ‘l’autre’ Qu’elle valsait De tout l’élan de son cœur, S’il murmurait : -« Voulez-vous m’aimer ? » Elle n’entendait que ‘l’autre’. Quand Villameur l’enlaçait, C’était ‘l’autre’ qu’elle désirait De tout son corps ardent.

Le lendemain, en s’éveillant Elle vit Mouton fidèle, À genoux près d’elle. Il lui déclarait : -« Vous êtes adorable ! » -« Je vous hais. Allez-vous-en ! Vous êtes infâme. Allez-vous-en ! » Villameur, abasourdi, se releva, Prit son chapeau et s’en alla.

Deux heures plus tard, Jeanne était sur le départ. Arrivée au val, Au domicile conjugal, Son mari, Surpris, Lui reprocha sa décision. -« Je ne pouvais plus vivre loin de toi. » Il ne comprit pas sa réflexion : -« Tu es plus triste qu’autrefois. Qu’as-tu ? Que désires-tu ? » -« Rien. Il n’y a de bon que les rêves Dans notre vie si brève. »

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