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12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 08:35

~~ d'après PAR UN SOIR DE PRINTEMPS , de Maupassant

Cette année-là, Jeanne allait épouser Son cousin Maxence. Ils se connaissaient Depuis l’enfance. Entre eux, l’amour ne prenait pas Les formes pudibondes Qu’il garde dans le monde. La jeune fille faisait à Maxence Quelques agaceries, mais en toute innocence. Elle le trouvait bon garçon Et l’embrassait sans ce frisson Qui fait plisser la peau Des pieds jusqu’en haut du dos.

Lui, pensait tout simplement : Elle est mignonne. Il songeait à elle avec l’attendrissement Qu’on éprouve pour une jolie personne. Puis un soir, Jeanne Entendit dans le salon Sa mère dire à ses tantes Anne, Et Camille (Qui était restée vielle fille) :

-« Ces enfants s’aimeront Ça se voit. Cela me fera un bonheur immense. Pour moi, Maxence est le gendre que je voudrais. »

Dès ce jour, Jeanne adora Maxence. Elle rougissait quand elle l’embrassait. Sa main tremblait lorsqu’elle prenait Celle de son cousin. Ses yeux se baissaient Quand elle croisait Son regard mutin. Maxence comprit ce qui se passait. Il lui avoua :

-« Je t’aime, je t’aime ! » À partir de cet instant même, Ce ne fut que roucoulements, Galanteries, déploiements De toutes les amoureuses façons. Même au salon, Maxence osait embrasser Jeanne Devant les trois sœurs Anne, Camille et sa mère. Il emmenait sa cousine Le long de la rivière, Dans les bois et les prairies voisines. Ils attendaient le jour de leur hymen Sans paraître impatients. Les vieilles regardaient cet amour naissant Avec un attendrissement Souriant, amène.

À les voir, Camille particulièrement Était remplie d’émotion. Souffrant d’une légère claudication, C’était une femme effacée, Une humble vieille, bien proprette, Petite, douce, fluette. Elle marchait à petits pas légers, Et ne parlait presque pas. Du 1er janvier au 31 décembre, Elle n’apparaissait qu’aux heures des repas, Puis remontait dans sa chambre Et y restait enfermée sans cesse.

Aujourd’hui veuves, Anne Et la mère de Jeanne Etaient devenues comtesses Grâce à leurs nobles mariages. Elles considéraient Camille un peu Comme un être insignifiant et bas-bleu. Elles ne montaient pas la voir en son ermitage. Elles ne parlaient jamais d’elle, Ne songeaient pas à elle.

Un soir, après diner, les deux cousins Restèrent deux heures Dans le grand jardin, Cœur contre cœur Les yeux dans les yeux, Avec cette mélancolie propre aux amoureux. Les comtesses se couchaient de bonne heure. Ce soir-là, elles montèrent à dix heures Et demandèrent à Camille D’une voix tranquille :

-« Tu peux les attendre ? » La vieille fille leva Ses yeux tendres, Et contempla, Éclairés par la lune, les jeunes amants Qui se promenaient lentement. Tout à coup, Jeanne vit la vieille fille

: -« Tiens ! Elle nous regarde, Tante Camille ! » Lorsque le couple pénétra dans le salon, Maxence s’aperçut que les bottillons De sa fiancée étaient couverts de rosée :

-« Chérie, n’as-tu pas froid à tes petits pieds ? » À ces mots, il remarqua Que les yeux de la tante s’embuaient Et qu’elle s’était mise à trembler. Jeanne lui tendit les bras :

-« Qu’as-tu tante Camille ? »

-« C’est…quand il te demanda Balbutia la vieille fille : ’’ Chérie, n’as-tu pas froid…à… Tes petits pieds ? ’’ On ne m’a jamais… Dit ça à moi,…jamais ! »

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